20 Искусство шрифта
which, to some extent, has survived to the present day. However, this purely graphic trend in
our art of lettering has not infrequently led to a certain disregard of the artistic potentialities
of printing types. In recent times Soviet artists have concentrated their attention on the crea¬
tive problems of type design. Many interesting experiments have been made and many discus¬
sions have been held.
The album shows that very diverse styles coexist at the present moment. It presents
examples of strict interpretations of classics, quests for new plasticity in hardly legible experimen¬
tal letterings, artistic calligraphy, and gay-and-casual brush strokes. The epochs which created
strict artistic unity and dictated an almost unified manner of execution have long passed. Now¬
adays the artist feels unfettered when facing a sheet of paper to the extent that at times he is
even at a loss what to do. Such unlimited opportunities, a possibility to apply any technique, to
adhere to the style of any epoch or to let his imagination have free rein, may lead to arbitra¬
riness, eclecticism and lack of clarity. Yet, what we mean today by the unity of ‘the letter me¬
dium’ is not by any means a domination of one type or method of letter design. Such unity
would doubtlessly seem to us harsh, dogmatic and a hindrance to creative thinking. It is rather
a question of seeking ways to express through lettering a view of life characteristic of our
time. Lettering is after all also an artistic reflection of the world, in generalised and abstracted
form. Behind formal problems there pulsate live human aspirations and apprehensions. Re¬
creating the clear beauty of Renaissance patterns the artist endeavours to protect the world of
the eternal values of culture from the intrusion of the mechanised present; with elegant and
natural strokes of his pen the artist reveals his artistic nature; mathematical and mechanical
outlines of fantastic symbols reflect the artist’s search for his place in our dynamic and technical
world. This abstract art is not divorced from life and all its complexities or from the richness
of the spiritual world of contemporary man.
Sur l’art de lettrage
par Youri Guertchouk. Résumé
L’évolution des caractères est conditionnée par l’invariabilité de l’alphabet, par la
nécessité de reconnaître chaque signe, par la lisibilité de chaque signe. L’ensemble des indices,
définissant la compréhensibilité de la lettre d’un alphabet, s’appelle graphème. C’est grâce
au caractère abstrait de cette notion générale de signe que la matérialisation de ce dernier
est possible, et cela sous des formes concrètes différentes en fonction de tout un ensemble de
phénomènes inhérents à la nature même de l’art des caractères.
Le signe (le caractère) peut être d’origine picturale, origine généralement dis¬
simulée. Un autre moyen de caractérisation des signes < par ressemblance > est la stylisation,
qui consiste à subordonner la forme du signe aussi bien au style du texte, qu’à son coloris
national, à sa couleur historique. Mais la forme spécifique moderne peut également être
l’objet de stylisation. En règle générale, cette dernière manque d’intégrité organique, de logi¬
que interne de la structure du signe; il n’y a pas de logique dans le choix du matériel et de la
technique.
L’expressivité spécifique du caractère dépend des particularités du dessin, de la
réalisation du caractère. Lorsqu’un signe créé par le lettriste, acquiert une forme matérielle,
solide, il devient plus raffiné, plus abstrait. Ainsi, ses proportions deviennent géométriques,
tandis que le burin enlève toute imperfection du dessin libre. La photogravure a permis
d’abandonner les anciennes méthodes de composition qui freinaient l’initiative du dessinateur,
et lui a offert un large choix de procédés graphiques, surtout en ce qui concerne les éléments
de titre. L’imitation moderne des formes calligraphiques libres aussi bien que des formes gra¬
vées prive la structure du caractère des qualités qui lui sont propres. D’autre part, il y a deux
types de perception du signe: une perception constructive (plus ou moins concrète) et une per¬
ception plus abstraite, celle d’une figure dans l’espace. La lettre peut être plastique, presque
palpable, ou bien avoir une certaine profondeur; elle peut imiter une ligne, tracée sur un
papier, ou équivaloir au fond du dessin. Les proportions et la nature rythmique influent, elles
aussi, sur l’expressivité du signe. En créant une image unique du caractère, ces niveaux d’ex-
pressivité, bien qu’en interaction complexe, se trouvent en même temps opposés l’un à l’autre.
Par < l’art du lettrage > nous entendons deux processus différents, quoiqu’appa-
rentés: l’élaboration de nouveaux caractères d’imprimerie et la création d’inscriptions, de
; titres, etc. (les signes varient suivant le style du livre et de la famille de lettres). Les ouvrages
du deuxième type occupent une place de choix dans notre album, ce qui s’explique par les
g tendances historiques de l’art du lettrage en U.R.S.S. Dès la parution du Monde Artiste le
livre russe se distingue par son graphisme, dont les traditions sont vivantes de nos jours; cette
«variété graphique l’oppose au livre étranger. Cependant, cette tendance engendra la sous¬
-estimation des possibilités artistiques du caractère d’imprimerie. Ces derniers temps, il est vrai,
g les lettristes soviétiques procèdent de nouveau à l’élaboration des types; ils y consacrent des
discussions et des expériments intéressants.