Fonderie WARNERY FRÈRES
SÉRIE ELZÉVIR
Corps Douze, Dix et Huit, interlignés de deux points
près les journées du 3i mai et du 2 juin, ce fut le
tour des Girondins de prendre place sur le banc des
accusés, mais cette fois, pas un seul acquittement ne
fut prononcé. M. Girey-Dupré se présenta devant ses
juges dans la toilette des condamnés. Il marcha au supplice
en chantant l’hymne funèbre qu’il avait composé en vue de
l’échafaud et dont on a fait le chant des Girondins.
En voici la principale strophe :
Pour nous quel triomphe éclatant !
Martyrs de la liberté sainte,
L’immortalité nous attend.
Dignes d’un destin si brillant,
A l’échafaud marchons sans crainte ;
L’immortalité nous attend.
С était au moment qu’il existait une presse féministe représentée par
La Voix des Femmes, que dirigea Eugénie Niboyet.
« Les lettres, disait-elle dans sa profession de foi, s’honorent de la célé¬
brité de George Sand, les arts s’honorent de Mesdames Rachel, Marie
Dorval, etc. On doit aux femmes de merveilleux travaux d’industrie, et
cependant, depuis, quel est 1 écrivain qui s’est occupé d’elles, quel homme
juste a dit : La liberté pour tous, c’est la liberté pour toutes.
Ce journal, se vendant peu, ne tarda pas à disparaître, et sa directrice
s en consola en publiant un autre organe de ridicule mémoire. La Répu¬
blique des Femmes, journal des cotillons, prêchait la croisade contre les
maris et publiait des chants de guerre :
Vesuviennes, marchons, et du joug qui nous pèse
Hardiment affranchissons-nous?
Faisons ce qu on n osa faire en quatre-vingt-treize,
Par un décret tout neuf supprimons nos époux,
L’auteur du Dernier Jour d’un condamné était à l’Opéra où il assistait à une des
representations de son Esmeralda, lorsque M. de Saint-Priest, alla s’asseoir auprès de lui
et lui annonça que la Chambre de Paris venait de prononcer la peine de mort contre
Barbes pour la part qu’il avait prise a l’insurrection, en ajoutant que l’exécution aurait
lieu le lendemain. Victor Hugo monta aussitôt à la régie du théâtre, demanda une feuille
de papier et y écrivit ces quatre vers, où il rappelait à la fois la mort récente de la prin¬
cesse Marie et la naissance du comte de Paris :
Par votre ange envolée ainsi qu’une colombe 1
Par ce royal enfant, doux et frêle roseau 1
Grâce encore une fois, grâce au nom de la tombe 1
Grâce au nom du berceau 1