Sèrie I
Usine et Bureaux, 8, rue Humboldt. — Paris
Année 1908
CARACTÈRES POUR JOURNAUX
Fonderie Typographique WARNERY Frères
Corps 9 no 24, 8 n° 24, 7 no 24
interlignés à deux points
Paris, le 20 Avril 1908.
ÉCHOS
Dans le monde.
Un des salons les plus agréables
etles plus intéressants de Paris, celui
de la princesse Bibesco, s’ouvrait
avant-hier à une soirée musicale très
réussie. Aucune femme ne reçoit plus
gracieusement que cette grande dame
artiste qui est une des premières pia¬
niste de l’Europe. Fille d’un des prin¬
cipaux hommes d’Etat roumain, M.
Epurénéo, elle est mariée au prince
Alexandre Bibesco qui a comme elle
les plus grandes sympathies pour la
France.
On a fait de l’excellente musique avec
M. Lelubez, le comte de Gramedo et Mme
Heisen. La maîtresse de la maison a admi¬
rablement joué du piano.
Dans l’assistance : LadyLytton, le prince
et la princesse Amédée de Broglie, M. Ben-
gesco, Mme Schlumberger, Mme Coro,
M. Lemaitre, le baron de Saint-Hamand,
la baronne Decazes, la comtesse de La-
grenée, Madame Beulé, Madame de Bon-
nières, la princesse Cortscbakoff, le vicomte
de Nervéguen, Liemer, le baron Behr, le
comte de Montferrier, etc., etc.
Le même soir, grand diner chez la prin¬
cesse deWagram et raout chez la duchesse
de Valence.
Mme Lefèvre de Viefville, femme du pré¬
sident de Chambre à la Cour d’appel, don¬
nait, en son hôtel de la rue de Courcelles.
La défaite de M. de Bismarck
Avoir, pendant cinquante ans, affirmé et
démontré au besoin, l'insignifiance du régime
parlementaire en Prusse et en Allemagne et
en être réduit à rentrer, dans la politique,
par la porte du Reichstag. — Avoir été l’ins¬
trument le plus actif de la spoliation de la
famille de Hanovre et chercher des partisans
et des électeurs dans le pays guelfe. — Avoir
déclaré à maintes reprises que les progres¬
sistes étaient, en Allemagne, plus dangereux
que les socialistes et qu’il fallait les com¬
battre sans trêve ni merci et se trouver, pal¬
le fait d’un ballotage, obligé de faire risette
a des électeurs progressistes et de quéman¬
der leurs suffrages. — Obtenir dans cette
circonscription de Geestemunde moins de
voix que les candidats du « Cartel ».
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interlignés à un point
Avec cela être Bismarck, ex-chan¬
celier, fondateur de l’empire, celui
qui fut le maître de la diplomatie
européenne, l’inventeur des savantes
combinaisons qui, sous le nom d’al¬
liances pacifiques, devaient tant faire
contribuer à exagérer les armements
et la ruine qui en résulte, — Avoir été
tout sous Guillaume 1er, s’être main¬
tenu avec Frédéric III, ce qui, étant
donné les campagnes antérieures,
pouvait sembler prodigieux. Puis,
avec Guillaume II, l’enfant chéri, le
disciple préféré, l’intelligence façon¬
née pour mieux apprécier la politique
bismarquienne, se voir tenu en sus¬
picion, puis écarté, renversé, d’un
coup, comme un enfant qui, en se
jouant, briserait un de ces vieux ha-
naps de coloration, de finesse et de
valeur inestimable. Quelle destinée !
LES AGENCES DRAMATIQUES
En ces derniers temps, les agences dra¬
matiques firent parler beaucoup d’elles.
Ce fut d’abord à propos de l’Eden-Lyrique.
ce fut ensuite à propos del’Opéra-Coinique.
On se rappelle qu’ici même notre ami
Henri Bauër conta, au sujet de ce dernier
théâtre et de l’agent dramatique qui en
était un des principaux commanditaires,
quelques anecdotes curieuses.
Aussi bien, notre intention n’est-elle pas
d’épiloguer sur ces deux aventures. Ce
serait peut-être de l’histoire ancienne, d’in¬
térêt médiocre. Mais le public, qui a entendu
parler longuement des agences drama¬
tiques, ne sait guère ce qu elles sont. Quel
est leur but, à ces agences ? Comment
fonctionnent-elles ? Sont-elles fondées pour
aider les artistes ou les directeurs ? Com¬
ment peuvent-elles amener la fortune et la
chute d’un directeur?
Autant de questions qui échappent à tous
ceux qui ne sont pas dans la coulisse ou ne
fréquentent pas les artistes, questions inté¬
ressantes cependant, souvent curieuses,
instructives toujours. En les agitant et en
les résolvant, on dévoile les petits côtés, les
trucs, les dessous du théâtre. Et l’on peut
démontrer comment l’industrie du théâtre
risque, par le développement sans cesse
grandissant de ces agences, d’être atteinte
dans ses sources vives.
Il est permis d’établir en principe que les
agences dramatiques sont créées pour faci¬
liter les transactions entre directeurs et
artistes, et que, par surcroît, elles viennent
en aide aux directeurs.
Leur but apparaît d’abord merveilleux,
presque humanitaire.
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non interlignés
CONCOURS HIPPIQUE
Le concours hippique s’est terminé
dans une apothéose de succès. Depuis
plus de douze jours, Paris tout entier
se réunissait aux tribunes et il eût
fallu tout le journal pour citer les
noms de ceux ou celles venus lù.
Les tribunes, hier, éteint tout à fait
prises d’assaut, on remarquait M. et
Mme Carnot qui sont restés jusqu’à
la fin.
L’espace fait défaut pour décrire
les jolies toilettes légères remar¬
quées au cours de ce jour mémo¬
rable.
On peut dire que la haute société pari¬
sienne, le grand monde et celui d’à côté
étaient brillamment représentés.
On a fait de véritables ovations à nos
brillants cavaliers qui ont tous monté avec
une rare perfection.
Et maintenant, adieu au concours jusqu’à
l’an prochain.
Les présentations de cette année ont
elles été meilleures que celles des années
précédentes ? Non, peut-être; en tout cas
elles n’ont pas été inférieures à leurs
ainées. La jeune génération serait, selon
nous, la moins brûlante.
Quelques critiques se sont produites à
propos de certaines décisions du jury. 11 y
a,chaque année, des erreurs et des mécon¬
tentements. Souvent on néglige, dans les
commissions le grain pour prendre l'ivraie.
Il faut dire aussi que Vôleveur est souvent
doublé d’un connaisseur malin; c’est un
adroit pour faire avaler la pilule aux exa¬
minateurs.
Ainsi nous avons vu primer un cheval
ayant un genou couronné et un autre
l’épaule luxée.
THÉÂTRES
Le comité pour la souscription ouverte en
vue d’élever un monument sur la tombe
d’Olivier Métra, dans le cimetière de Bois-
le-Roy, s’est réuni, mercredi, au siège de la
société des auteurs,compositeurs et éditeurs
de musique.
Le président du comité, M. Gille, a annoncé
que le ministère de l’instruction publique et
des beaux arts avait accordé une subvention
à la souscription.
M. Ludovic Burand, le sculpteur bien
connu, qui a bien voulu se charger de l'exé¬
cution au monument, a présenté une ma¬
quette qui a été acceptée à l’unanimité.
Le comité rappelle que les souscriptions
sont reçues et centralisées chez son tréso¬
rier, rue du Faubourg-Montmartre, 17.
On annonce que M. Fugère a l’intention de
signer un engagement avec M. Rochard, à
la Porte-Saint-Marlin.