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Sèrie G
Usine et Bureaux : 8, rue Humboldt. — Paris
Année 1908
CARACTÈRES POUR JOURNAUX
Fonderie Typographique WARNERY Frères
Corps 9 no 22, 8 no 22, 7 no 22
Corps 9 no 22, 8 no 22, 7 no 22
Corps 9 no 22, 8 no 22, 7 n° 22, 6 no 22
interlignés à deux points
interlignés à un point
non interlignés
Paris, 12 Janvier 1908
Projet de Loi à la Chambre
Par une délibération en date 9 août 1882,
le conseil municipal de Paris avait décidé
qu’il y avait lieu d’acquérir un terrain à
l’angle du boulevard d’Italie et de la rue
de Gentilly, pour y installer un groupe
complet d’écoles primaires et d’écoles pro¬
fessionnelles.
Mais ce projet avait perdu son caractère
d’utilité par suite de délibérations succes¬
sives qui ont donné satisfaction au quartier.
C’est alors que la 4e commission a pensé
à installer sur les terrains vacants du bou¬
levard de l’IIôpital une école profession¬
nelle, dont l’idée est depuis longtemps étu¬
diée et qui parait mûre pour la réalisation.
C’est cette école d’apprentis « du Livre »
qui devâit être, il y a plusieurs année déjà,
instituée rue Oudinot, dans des terrains et
bâtiments que le conseil revendique au
nom de la ville, et qu’on persiste â lui
contester.
Malgré notre penchant à oublier vite, non
seulement les leçons de l’histoire, mais encore
les plus récents événements, on doit se souve¬
nir — au moins dans le parti républicain et
socialiste — de cette époque si peu éloignée
où le trop puissant tribun de l’opportunisme,
las de combattre et assoiffé de jouissances ma¬
térielles, invitait ses amis à se livrer à un doux
repos et jetait â la bourgeoisie, s’entêtant à
suspecter le fou furieux, cette phrase de re¬
noncement à la virilité républicaine, à la mar¬
che en avant : les temps valeureux sont finis.
Heureux de cette parole du maitre, et non
moins enclins à la vie large, commode, dépu¬
tés et fonctionnaires s’adonnèrent au « far
nienle » et ne prirent aucun souci ni des inté¬
rêts du peuple, ni même de l’existence de la
Képublique.
« Ce ne fut pas le dernier. Quand celui-là fut
tombé, un autre le remplaça. Ce trou les attirail;
ils se le disputaient.
« De ces faits-là il s’en est produit cinquante,
cent, pendant cette journée. A la barricade de
Saint-Aubin, un homme, un plâtrier, combattait
avec ses trois fils. Un d’eux est tué à ses côtés ;
lui-même est deux fois blessé; des femmes, des
jeunes filles vont de barricade en barricade, portant
des munitions. Tout le monde s’acharne à la lutte.
« Mais que peut le courage contre le nombre ?
Que pouvions-nous contre cette marée noire qui
montait sans cesse et nous enveloppait de toutes
parts ? On en tuait dix : ils revenaient cent. Ils
avançaient toujours, rétrécissant leur cercle.
Un certain nombre de conseillers muni¬
cipaux ont déposé, dans la séance du 3 juin
1887, une proposition ainsi conçue:
« La direction de l’Enseignement a été
saisie officiellement, il y a plusieurs années,
d’un projet de création d’une « École pro¬
fessionnelle du Livre » (gravure et fonte
des caractères, composition, tirage, bro¬
chage, reliure, dorure).
«t Les soussignés demandent que cette
école soit installée, à bref délai, sur le ter¬
rain communal sis boulevard d’Italie et rue
de Gentilly. »
Dans ces dernières semaines, aussitôt
que cette proposition a été déposée et que
l’on a appris que le projet allait être mis à
l’ordre du jour du conseil municipal, la
majeure partie des parisiens a reçu l’idée
avec toutes les marques de faveur.
PARLEMENT
On sait que sur l’initiative deM. Camille Sée,
une loi du 20 décembre 1880, a créé pour les
jeunes filles un enseignement secondaire dont
l’Etat a été institué seul dispensateur. Il a fallu
un délai de trois ans pour mettre ce nouveau
monopole en situation de fonctionner, et voici
maintenant quatre ans que les lycées et col¬
lèges de filles sont à l’œuvre. Nous n’avons
pas à rappeler dans quel esprit et dans quel
but la loi de 1880, a été votée; son auteur et
ses défenseurs ne se sont pas gênés pour décla¬
rer qu’il s’agissait d’émanciper la femme, de
la soustraire à l’influence du prêtre et des cou¬
vents. Peut-être ne l’ont-ils dit que trop, dans
le propre intérêt de leur entreprise, car ils ont
mis des familles en défiance, ils ont dès le
principe nui au recrutement de leurs lycées et
collèges, qui seraient vides sans les filles des
fonctionnaires et sans les boursières dont se
compose en majeure partie leur personnel en¬
seigné.
« La nuit était venue; un violent orage s’étuit
déchaîné. Nous étions anéantis, brisés, débandés,
mais le courage ne manquait pas. Au contraire,
exaltés par la lutte, ayant au cœur la rage de la
défaite, nous n’aspirions qu’à nous jeter de nouveau
eu avant, dans la rue noire, pleine de fumée, au
bout de laquelle fourmillaient les prussiens. Dos
lueurs allaient et venaient : des lueurs de torches.
Mais, bientôt, d’autres lueurs montèrent : des co¬
lonnes de fumée rouge que la bourrasque balayait.
« Massés sur la place, reformant nos escouades,
nous regardions l’incendie. Tout à coup, dans nos
rangs, une voix s’élève, âpre et forte : un homme
chante les mâles couplets de la Marseillaise Un
grand frisson nous secoue, et nous l’entonnons à
notre tour, ce chant superbe, tous ensemble, dans
cette nuit sinistre, sous ce ciel rouge... Alors,
emportés dans un élan sauvage, électrisés, em¬
poignés par cette scène grandiose, nous nous
élançons à nouveau, au pas de course, à la baïon¬
nette, bien décidés â reprendre ce qu’on venait de
nous enlever.
L’industrie du Livre, avec tout ce qu’elle
comporte d’arts divers dans la gravure, la
reliure, la dorure, a été longtemps une des
gloires de Paris, comme il convenait àia
ville du monde qui a le plus aimé les livres,
qui en a le mieux compris la puissance; qui
a su le mieux s’en servir pour l’éducation,
le progrès et la liberté du genre humain.
Ce culte, cette religion du livre, Paris l’a
toujours au plus haut degré. Mais on a com¬
mencé à craindre que, par les difficultés de
l’apprentissage, les efforts de la concurrence
étrangère et par les révolutions incessantes
des arts industriels dans le monde entier,
Paris ne fût menacé de perdre, peu à peu,
sa supériorité, soit qu’il vint à oublier ce
qu’il y a d’exquis et de solide dans ses an¬
ciennes traditions, soit qu’il ne pût suivre
d’assez près la marche des choses au dehors.
; ♦—
Ce n’est pas l’administration de ces établis¬
sements, ni l’attitude de leur personnel ensei¬
gnant, ni la nature de ^instruction qu’ils ont à
distribuer qui sont de nature à leur ramener
la confiance du public. Les faits et les résuitats
que M. Gilon met en lumière sont tristement
concluants à cet égard. Ce qui ressort nette¬
ment de sa brochure, pleine de renseignements
c’est que les lycées et collèges de jeunes filles
n’aboutissent qu’à faire concurrence aux écoles
normales d’institutrices, à augmenter le total
des brevetées, qui est déjà hors de toutes pro¬
portions avec besoin, et à jeter sur le pavé de
nos villes des déclassées qui feront, dans les
familles et dans la société, plus de ravages
encore que les fruits secs et les déclassés pro¬
duits par nos écoles de toutes catégories. Ce
qui en ressort aussi, c’est que cet enseignement
qui répugne aux sentiments du pays, coûte
encore plus cher que les autres.
ѴЛ/ѴѴ
« D’abord repoussés dans les rues voisines, nous
revenons encore à la charge. Cette fois nous réus¬
sissons. Les Allemands qui avaient envahi la place
sont culbutés, la place est déblayée.
« La nuit est tout à fait venue, mais le combat
dure encore. On se cherche dans l’ombre, on
s’appelle, on hurle, on se provoque. Dès qu’un
coup de fou éclaire un groupe allemand on se pré¬
cipite vers lui, la baïonnette à la main, traînant
par le canon le fusil dont on se sert comme d’une
massue. Derrière les bornes, dans les angles rentrant
des portes, partout où Ton devine un homme, on
frappe. On s’égorge.
« Mais bientôt les allemands nous débordent,
envahissent tout. La résistance est devenue im-
ossible; nous nous retirons vers le faubourg
aint-Jcan, en combattant toujours. Nous sommes
déjà loin do la place que nous entendons encore
de ce côté crépiter la fusillade : se sont les alle¬
mands qui se fusillent entre eux, dans la nuit, par
méprise.
Marchés de la Semaine
Nous donnons ci-dessous la Liste des Numéros gagnants de
la Loterie de Bienfaisance ;
1357 2468 3579 4790 5713 9864 2605 7614 1742
48901 9732 4797 3902 1794 1706 3687 2756 3279
21081 3217 9185 4876 1974 5371 8796 8665 4932
57806 1347 5923 5790 8903 5947 8067 4218 3148
89534 3149 4985 3934 4313 3859 3910 1389 3285
93590 9583 4321 4973 7394 3131 3714 1495 9041
Les Lots non réclamés seront considérés comme acquis à
l’œuvre.