RICHARD HÜLSENBECK

DIE NEWYORKER KANTATEN
CANTATES NEW-YORKAISE S

MIT SECHS ZEICHNUNGEN VON HANS ARP
AVEC SIX DESSINS DE JEAN ARP
PRÉFACE DE MICHEL SEUPHOR

Cover of booklet of poems in French and German,
1952, slightly reduced. Drawing by Hans Arp.
Original printed in black on yellow paper.

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I

A Marguerite Hagenbach

Les nuits enroulent leurs voiles
autour des pilotis des ports obscurs.

Nous portons les ténèbres comme on porte un berceau.

Il tombe des étoiles

la poussière glaciale de la tristesse.

Ce n’est ni la tristesse pourtant ni les ténèbres
qui nous enserrent,

mais l’abîme ouvert derrière ténèbres et tristesse:

Cet abîme qui s’empare du dormeur

lorsqu’il sombre en gargouillant dans le rêve sans fin

et dans l’immensité bleue,

à laquelle Dieu, hommes et bêtes ont donné le nom
Cause profonde et chaos [d’éternité.

où tourne le vieil essieu,
roue geignante,

sans cesse poussée par les heures et les jours et les ans,

et pourtant sans lien avec le temps

dans l’espace qui n’est qu’obscurité et pressentiment.

Ainsi nous allons dépariés parmi les autres hommes.

Leur courte pipe à la bouche

ils goûtent le fardeau de chaque jour

plus léger pour eux qui sont de son espèce.

Notre lot est le mal profond

qu’avive en nous le désir d’une liberté plus haute,

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Opening of the same: the text printed on off-white
paper, with Hans Arp's drawing, slightly reduced, in
black on grey hand-made paper.

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